di Sauvaire Jourdan.
Da L’Illustration, Anno 72, N. 3710, 4 aprile 1914.
“L’état de notre flotte en construction
“L’exécution de la loi du 5 avril 1910 réglant jusqu’à nouvel ordre notre état naval militaire se poursuit dans des conditions très satisfalisantes. Sur les 28 cuirassés qu’elle doit nous donner pour 1920, 13 sont en service; ce sont 5 Patrie, 6 Danton, le Jean-Bart et le Courbet.

Treize cuirassés sont en service; deux vont commencer leurs essais; trois sont en achèvement è flots; cinq sont en chantiers; quatre sont à mettre sur cale en 1915; le vingthuitième, enfin, dénommé jusqu’à présent A.17 parce qu’il est le dix-septiéme de la série commencant par le Jean-Bart, est simplement en projet et n’a pas encore de caractéristiques déterminées. — Les bâtiments en service ou préts à étre mis en service sont représentés ici par des silhouettes noires sur lesquelles, pour les trois derniers, les superstructures non encore posées sont indiquées en blanc; le grisé porté sur les quatre premières silhouettes blanches représente les parties actuellement construites des quatre unités sur cale telles que les montrent nos photographies des pages suivantes prises durant la méme semaine dans nos chantiers de construction.”
Dix autres sont en chantiers ou en achèvement à flots dans nos arsenaux maritimes ou dans les chantiers privés et voilà une sorte de tableau schématique, appuyé, ci-dessous et aux pages suivantes, de photographies montrant l’état d’avancement de ces 10 unités de combat è une méme date: premiers jours de mars 1914.

Mise en chantier. 1er août 1911. – Entrée en escadre: été 1914.”
Voici quelques détails sur ces 10 navires. Nous ne parlerons ni du Courbet ni du Jean-Bart, qui forment la première tranche du programme naval et figurent dès è présent et fort brillamment dans les rangs de notre première armée navale. Ayant pris la mer, ils ne rentrent pas dans le cadre que nous nous fixons.

Mise en chantier: 1er août 1911. – Entrée en escadre: été 1914.”
L’ordre de mise en chantiers des Paris et France, identiques aux Courbet et Jean-Bart, a été signifié le 1er août 1911 aux Chantiers de la Loire, à Saint-Nazaire, et à ceux de la Seyne, à Toulon.
Leurs photographies les montrent achevés munis de leur cuirasse, de leur artillerie et de tous leurs accessoires de coque. On en est pour eux aux détails, et ils seront préts è commencer leurs essais en mai 1914. Puis ils rejoindront è Toulon leurs frères Courbet et Jean-Bart, avec lesquels ils formeront une puissante division. Leur armement se compose de 12 pièces de 30 cm en 6 tourelles et de 22 de 14 cm. Leur déplacement est de 23.500 tonnes.
La Bretagne et la Provence sont également è flots à Brest et Lorient, où elles ont été construites.
(Date de mise en chantier, 1er mai 1912.). Là encore on est en avance sur les prévisions. La Lorraine, commencée le 15 juin 1912, est descendue en avril 1913 des Chantiers de Saint-Nazaire (Penhoét).

Mise en chantier: 1er mai 1912. – Achèvement prévu: printemps 1915.”

Mise en chantier: 1er mai 1912. – Achèvement prévu: printemps 1915.”

Mise en chantier: 1er mai 1912. – Achèvement prévu: printemps 1915.”

Mise en chantier: 28 avril 1913. – Achèvement prévu: printemps 1916.”
A bord de ces 3 bîtiments on travaille activement è la pose de la cuirasse de flanc et des tourelles.
Avec eux nous inaugurons les bàtiments portant des canons du calibre de 34 cm. Ces canons seront au nombre de 10 en 5 tourelles doubles. L’artillerie moyenne comptera 10 pièces de 14 cm. Elle est destinée è repousser les attaques des navires torpilleurs. On distingue assez nettement, sur la photographie de la Lorraine, les casemates en forme de petites tourelles qui renfermeront ces pièces.
Les bàtiments de la série suivante sont encore sur les cales où on les construit. Ce sont:
1° La Normandie et le Languedoc, que les Chantiers de la Loire et ceux de la Gironde, à Bordeaux, ont eu l’ordre de commencer le 28 avril 1913;
2° La Flandre et la Gascogne, commencées le 1er octobre 1913 è Brest et Lorient (Chantiers de l’Etat). Leur déplacement est de 25.300 tonneaux.

Mise en chantier: 28 avril 1913. – Achèvement prévu: printemps 1916.”

Mise en chantier: 1er octobre 1913. – Achèvement prévu: automne 1916.”
Les photographies de ces 4 bàtiments sont particulièrement intéressantes, surtout la première et les deux dernières. On y voit que la construction est actuellement poussée ]jusqu’au pont cuirassé inférieur, en forme de dos d’àne, dont les bords viendront se raccorder avec l’extrémité inférieure de la cuirasse de la flottaison à 1 m. 70 au-dessous de l’eau.
Ce pont blindé servira de carapace protectrice supérieure aux organes vitaux du navire, machines, chaudières, appareils à gouverner, soutes à munitions, ete., alors que l’eau les protégera contre les coups directs des obus.

Mise en chantier: 1er octobre 1913. – Achèvement prévu: automne 1916.”
D’autre part, c’est au-dessus de ce premier pont cuirassé que s’édifiera la forteresse où sera renfermé, derrière les épaisses tourelles, le formidable armement comprenant 12 pièces de 34 cm, en 4 tourelles quadruples. Cet armement est complété par 24 canons de 14 cm; et 6 tubes lancetorpilles placés sous la flottaison.
La marine revient, avec les 7 derniers cuirassés, au système des filets d’acier destinés à les garantir des atteintes des torpilles.

Ordre de mise en chantier: 5 janvier 1914. – Achèvement prévu: janvier 1917.
A l’état de réduction et d’épures dans la «salle à tracer».”
Enfin, le 5 janvier 1914, les Chantiers de la Sevne ont reçu l’ordre de commencer la construction du Béarn, navir&: de 25.300 tonnes également, identique aux Normandie, mais dont le ròle est de compléter à 4 unités la division des Bretagne qui n’en compte que 3. Il en est encore à l’état d’épures, et la photographie ci-dessus nous montre le bloc de bois qui represente exactement en réduction ses «formes», lesquelles sont dessinées è la grandeur d’exécution sur le plancher de la vaste «salle à tracer».
On voit qu’il nous reste à construire 5 cuirassés pour atteindre le total de 28 unités de ligne fixé par le programme naval.
Ce nombre est-il suffisant? Telle est l’importante question qui se pose et à laquelle la Ligue maritime française, qui a dressé un impressionnant tableaucomparatif des flottes française et allemande, répond comme il suit:
Le programme naval frangais prévoit 28 cuirassés de ligne.
Le programme naval allemand prévoit 41 cuirassés de ligne et 20 croiseurs cuirassés, dont les nouveaux sont tous du type du croiseur de ligne.

Dessin d’Atbert Sébille.
Ras sur l’eau, ce navire de combat (similaires : Flandre, Gascogne, Languedoc, Béarn), construit sur les plans de M. Doyère, ingénieur de la marine, sera, lorsqu’il entrera en
service, dans trois ans, d’un type encore unique au monde avec ses trois tourelles quadruples permettant à ses douze pièces de 34 cm de balayer de bordées de 6 tonnes 1/2, presque tout l’horizon. Sur ses flanes sont roulés les filets pare-torpilles.”
Donc dans quelques années (vers 1925), conformément aux programmes en vigueur, la flotte française de ligne aura 28 batiments de combat et la flotte allemande 61.
Si l’on examine, d’autre part, les prévisions des programmes pour les flottes d’éclaireurs et de torpilleurs, on constate ce qui suit:
La flotte francaise future aura 10 éclaireurs et 150 torpilleurs.
La flotte allemande future aura 40 éclaireurs et 216 torpilleurs.
Il n’est donc pas exagéré de dire que le programme naval francais prévoit une flotte qui n’est pas méme égale è la moitié de la flotte allemande.
D’où nécessité absolue de reviser et d’élargir notre programme naval.”